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600

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500

600

680

780

830

851 m alt.

i

Ces derniers mètres te sont les plus mesurés. La pente devient vertigineuse, tu dois contourner des blocs de pierre, certains tanguent sous tes pas. Tu cherches en faisant face à la barre rocheuse un passage pour te conduire au sommet.

Tu le trouves, tu es arrivé. La borne de pierre carrée, entaillée d'une croix sur le sommet est scellée dans le sol, au milieu d'un rocher. Elle est, un peu en deçà du sommet du Rocher Garaux, ton point d'arrivée, à cheval sur les communes de Teyssières et de Le Pègue.

Tu distingues l'entier de Teyssières, des Rochers du Clos du Buis au Col de Valouse, de la Montagne Reyssas à La Dermandière.

Au sud, tu vois le Mont Ventoux, au nord, Les Trois Becs, à l'ouest le Mont Aigoual, à l'est, tu ne peux nommer ces montagnes que tu vois car tu ne les as pas gravies.

Tu es presque arrivé. Tu marches depuis sept kilomètres. Tu traverses le paysage depuis deux heures et quart. La végétation se clairsème encore, les arbres se raréfient, la pente s'accentue encore.

La Montagne Reyssas est désormais un souvenir. Tu n'aperçois pas encore Teyssières qui t'est caché par le replat du Château de Concourdet.

Tu commences à distinguer la masse sombre de la Montagne de la Lance qui te domine. Tu enjambes un filet d'eau presque sec, puis dans la pente désormais raide et découverte, où poussent éparpillés quelques feuillus, tu vois le Rocher Garaux. C'est lui que tu vas escalader.

Tu redescends de quelques mètres et la vue que tu avais de la Montagne Reyssas disparaît, puis tu remontes de quelques mètres et elle réapparaît. Mais ce n'est plus la même. C'est une autre montagne que tu distingues, qui n'émerge plus, qui s'est fondue dans l'horizon.

Tu croyais monter et à présent tu descends vers une ravine que tu traverses.

Tu respires désormais bruyamment, car ton parcours n'a jamais été aussi raide. C'est en t'arrêtant pour profiter du soleil qui a réapparu, car tu avançais dans l'ombre, que tu distingues soudain en te tournant, par une trouée, le mamelon de la Montagne Reyssas qui émerge encore modestement par delà la Montagne de Sauveginoux, à six kilomètres de là.

Puis sur le versant sud du Château de Concourdet, tu marches désormais sur un replat et ton pas s'accélère. La Montagne Reyssas tantôt apparaît, tantôt disparaît entre les branchages. Sa forme se précise, comme si elle naissait et d'ici tu peux l'apprécier, à sa mesure. Elle se détache nettement sur l'horizon, mais plus tu t'élèves, plus elle semble s'écraser, se fondre, d'abord sur la Tête d'Asclet qui lui succède en arrière plan, puis plus loin sur le Rocher de Bramard, et plus loin encore, sur la Tête du Mouret. Tu sais qu'il existe des points de vue qui font apparaître les choses et que quelques pas suffisent à les faire disparaître. Tu as trouvé l'un des points de vue qui fait apparaître la Montagne Reyssas.

A mesure que tu montes, la pente se fait plus raide, tu dois chercher où poser le pied parmi les cailloux. Tu traverses une ravine asséchée. Tu te retournes souvent car tu aimerais apercevoir la Montagne Reyssas d'où tu es parti il y a une heure vingt. Tu la sais qui va bientôt apparaître mais la Montagne de Sauveginoux te la cache encore.

Tu traverses un sentier qui monte vers Clamieux depuis les Favières. Mais tu ne vois toujours pas le mamelon de la Montagne Reyssas. Il est trop tard, tu entres dans le bois de feuillus, ton horizon se rétrécit.

Tu montes sur le flanc est du Château de Concourdet, puis comme tu traverses un ruisselet, tu découvres une vaste pente ravinée dans laquelle tu t'engages.

En contrebas, la végétation est clairsemée, quelques arbres, quelques broussailles, recouvrent d'anciennes terrasses retenues par des murets de pierres sèches.

Tu avances sur le flanc d'une petite colline puis tu passes au-dessus d'un talus. Enfin tu coupes le chemin qui monte aux Favières.

En face, bordé d'arbres, c'est le Lez que tu vas traverser. Il te faut trouver les cailloux sur lesquels tu vas poser les pieds pour le franchir. Il est plus large, tu ne peux pas le franchir d'un bond. Tu ne savais pas où te mènerais ton chemin et tu dois patauger pendant quelques mètres dans le lit d'un ruisselet qui descend du Château de Concourdet. Tu marches depuis cinq kilomètres.

Tu sais que désormais tu ne cesseras de monter et tu t'arrêtes sous l'un des arbres planté en haie dans ce champ, qui est le dernier champ que tu traverseras, pour boire une gorgée d'eau.

Presque à la lisière de la forêt, tu longes le champ et tu enjambes deux sentiers. Puis l'herbe devient humide, et tes pieds s'enfoncent dans la terre gorgée d'eau, tu traverses une source, puis un autre sentier.

Devant toi s'étend en contrebas une haie d'arbres qui borde le ruisseau qui descend du Col de la Pause par le ravin du même nom.

Tu es si proche des maisons. Quelqu'un te regarde prendre ton élan pour sauter par dessus le ruisseau. Il t'a vu marcher droit à travers la terre boueuse de la source, il te voit entrer droit dans la forêt.

Tu franchis un nouveau versant qui te ramènes au soleil. Puis tu pénètres dans un champ qui te fait penser à une clairière. Il s'ouvre sur un second champ que tu dévales en courant. Tu n'es pas fatigué. A mesure que tu courres, le village et ses maisons apparaissent.

Tu remontes à travers une succession de champs en terrasse.

A présent, tu aperçois Mielandre, la distillerie avant le virage, et plus loin, les Tardieux et la route qui y mène. Tu cherches à voir le Col de Valouse, qui t'est encore caché par la partie nord de la Montagne d'Autuche, et cherchant à t'élever, tu entres dans la forêt de feuillus qui t'enserre à nouveau et te dissimule l'horizon.

Tu marches depuis quatre kilomètres.

Tu traverses le ruisseau qui descend par le ravin du Cougoir, dont tu distingues, au sud, le défilé étroit. Puis tu traverses la route et t'enfonces dans la forêt qui lui fait face longeant le flanc sud de la Côte Aurand.

En contrebas, sur ta gauche, tu aperçois des granges au bord d'un chemin, puis tu débouches dans un grand champ qui monte à main gauche vers le Col du Bouton.

Tu franchis le Ravin du Pradal qui est presque à sec.

La forêt te paraît différente, moins sauvage, moins épaisse. Tu sembles te rapprocher de quelque chose. Tu marches depuis trois kilomètres.

Puis tu traverses un sentier, il remonte à l'est, vers le Col de Fonturière. Tu découvres un grand champ que borde un filet d'eau, enserré dans un virage de la route. Le bruit des feuilles mortes que tu foulais depuis ton départ fait place au silence de l'herbe rase qui te porte.

Tu changes de versant et dans la lumière du soleil tu dévales à présent le flanc nord-ouest de la Montagne Sauveginoux.

Des sons te parviennent, moins étouffés qu'auparavant, des bruits de voiture, en bas, vers Mielandre, des cris d'enfants, une tronçonneuse, plus loin, peut-être aux Tardieux.

Marchant sur un replat, tu sors subitement de la forêt, et retrouves, cela te fait sourire, la civilisation. Tu traverses le sentier pédestre et équestre, qui vient de Mielandre, par le Col de Fonturière, peu avant la fourche où il se sépare en deux, partant à l'ouest vers Condorcet. A l'est, il forme une boucle qui passe sur le flanc des montagnes Reyssas et d'Autuche, avant de revenir au Col de Fonturière.

Tu t'enfonces à nouveau dans la forêt, sur le flanc nord-est de la Montagne Sauveginoux, plongé dans l'ombre.

Tu as changé de versant et la végétation change également, désormais des broussailles se mêlent aux feuillus et parfois il te faut faire un écart pour éviter une ronce.

A travers les branches tu aperçois la lumière qu'apporte l'ouverture, au sud, du Col Bessone. Tu viens de parcourir ton second kilomètre.

La pente plus raide te conduit à l'intersection de deux filets d'eau qui se rejoignent. Tu les traverses. Le sol alentour est gorgé d'eau et tes pieds s'enfoncent dans la boue.

Puis un troisième filet d'eau apparu, la végétation disparaît subitement, malmenée par le ravinement. Par cette trouée soudaine, tu aperçois au nord le Serre Ponciau et la Montagne d'Autuche.

Sur la pente ravinée, tu franchis un quatrième filet d'eau puis tu pénètres à nouveau dans la forêt où poussent quelques broussailles.

Tu montes toujours à travers la forêt. Elle est humide, c'est un coin à champignons penses-tu. Par instant leur odeur te parvient, même si tu ne les vois pas.

Puis, juste avant le pli de la carte, franchissant un versant, tu passes sur le flanc est de la Montagne de Roubiouse.

Entre les troncs des feuillus, tu avances d'un bon pas sur la pente légère.

En contrebas, le bruit de l'eau du ruisseau de Roubiouse qui se mélange à l'eau du ravin de la Casse Gaillard, te parvient.

En longeant un talus, tu remontes sur quelques dizaines de mètres une pente qui te sépare d'un second ruisseau qui coule au fond d'un ravin formé par la rencontre des ravins des Bouteries et de Fontpicotte, et du ruisseau de Roubiouse. Y a-t-il plus d'eau que dans le premier ruisseau ? Tu ne peux pas le dire.

Tu as parcouru ton premier kilomètre. Ayant franchi l'eau, puis escaladé un talus, tu pénètres à nouveau dans le territoire de la commune de Teyssières.

Remontant une pente légère, à travers la forêt de feuillus, tu progresses sur le flanc nord de la Montagne de Roubiouse.

Là, quittant à nouveau le territoire de Teyssières, tu entres dans la commune de Condorcet que tu as quitté 500 mètres auparavant.

La pente se fait plus raide à mesure que tu approches du Ravin de Reyssas où coule un ruisseau. Tu l'entends déjà. Tu le franchis d'un bond.

Toujours sur la crête, tu entres dans le territoire de la commune de Teyssières.

Tu quittes maintenant la crête de la Montagne Reyssas et la pente se fait soudain plus raide. Tu t'arrêtes un instant. Tu entends un chien en bas dans la vallée, quelque part, mais tu ne vois pas la vallée. Puis foulant à nouveau les feuilles mortes, tu romps le silence. Tu descends à travers bois, en slalomant entre les troncs, vers le fond d'un ravin.

La borne de pierre carrée, entaillée d'une croix sur le sommet est scellée dans le sol, au milieu des arbres, recouverte par les feuilles mortes. Tu la découvres avec les mains. Elle est ton point de départ, au sommet de la Montagne Reyssas, à cheval sur les communes de Condorcet et de Saint-Ferréol-Trente-Pas.

Tu commences à descendre à travers la forêt de feuillus, vers l'ouest, marchant un peu en dessous de la crête, sur le flanc sud de la montagne. Tes pieds soulèvent les feuilles mortes. En te retournant, tu vois la marque de ton passage, des feuilles plus sombres car humides qui étaient couvertes par d'autres feuilles recouvrent désormais les feuilles les plus sèches. A ta gauche, la pente est très raide.